Il est parfaitement clair qu'une croissance démographique sera taxée de malthusienne. Probablement pas dans cinquante ans, du moins si
l'on s'en tient à des critères économiques. Car le problème, évidemment, est
tout autre si l'on se place au point de vue politique. Il est facile de
démontrer que la population correspondant au maximum de puissance est plus
grande que celle qui correspond au bien-être économique maximum . Mais on n'a pas encore fait de théorie de l'optimum ou du minimum
de survivance culturelle, en matière de population.
On peut se demander, par exemple, à propos de la
population du Québec, quel est le taux de croissance optimum, compte tenu du
maintien de la culture française dans cette province. Est-il souhaitable que
les couples aient trois, quatre ou cinq enfants en moyenne? je ne prétends pas
pouvoir répondre à cette question. Mais il est intéressant de faire quelques
exercices d'arithmétique autour de ce problème. En ce moment, la culture
française du Québec est assurée par près de cinq millions d'individus qui
constituent 80% de la population de la province. Je ne pense pas qu'on puisse
soutenir qu'une telle population soit insuffisante pour maintenir et développer
ses attributs culturels, surtout si elle sait profiter de son association au
monde francophone. Le problème le plus névralgique est probablement relié à son
importance relative dans l'ensemble du Canada ou de l'Amérique du Nord. Il
serait sans doute assez peu sage de préconiser une réduction de cette
importance relative, pour profiter de quelques avantages économiques. Si l'on
admet cela, il faut au moins assurer une légère surfécondité des francophones
pour compenser l'appoint de l'immigration anglophone. Si, par exemple, la
population canadienne non française a trois enfants par couple, il faudrait
que les francophones québécois en aient environ 3,7 en moyenne pour compenser
une immigration nette de 100 000 par année.
Dans ces conditions, les francophones du Québec
croîtraient aussi rapidement que le reste de la population du Canada. La
réalisation de cet objectif implique des coûts économiques. Les investissements
démographiques seraient à peu près équivalents dans les deux segments de la
population, puisque les deux croîtraient au même taux. Mais les Québécois
auraient à assurer le coût de la formation de tous leurs enfants, tandis que
les non-Québécois auraient l'avantage de recevoir, parmi les immigrants, une
fraction importante d'adultes déjà formés et d'enfants qui le sont
partiellement.
Cela ne sera pas nouveau. Pendant longtemps, la
population du Québec, à cause de son surplus de fécondité, a dû assumer des coûts
supplémentaires au poste de la formation des enfants. On peut estimer que par
rapport à l'Ontario, la charge des enfants par adulte a déjà atteint un surplus
de l'ordre de 40%. Il n'est que trop évident que cela a été payé, en partie du
moins, sous la forme d'une réduction de bien-être, de santé et d'instruction.
La surfécondité qui serait nécessaire, dans l'avenir, pour maintenir
l'importance relative des francophones québécois, n'implique pas une charge
supplémentaire aussi forte que celle du passé. Elle doit être de l'ordre de 15
à 20%. Cela représente environ 4% de la production nationale québécoise. Pris
globalement, ce coût supplémentaire n'est peut-être pas énorme. Mais il risque
d'être assumé par certaines familles seulement: les plus fécondes. Il peut en
résulter de graves injustices, en même temps que des lacunes dans la formation
d'une fraction importante des futurs membres de cette société. Il n'y a qu'une
façon d'éviter cet inconvénient: répartir le mieux possible sur l'ensemble de
la société la charge des enfants, c'est-à-dire instaurer un système convenable
de prestations familiales et d'impôt sur le revenu.
Moyennant cela, on aura minimisé les inconvénients
qui pourraient résulter de charges économiques trop lourdes pour certaines
familles. Mais il restera de toute façon un fardeau économique supplémentaire.
Personne ne peut faire la preuve qu'un tel choix politique (celui d'une sur
fécondité qui permette de maintenir l'importance relative des francophones) est
mauvais et je serais le dernier à essayer de le faire. Mais il est probable que
ce choix coûte quelque chose et que cela doit être payé soit en consommation
actuelle, soit en investissements économiques, ce qui implique une consommation
future moins grande. En d'autres termes, si le « faites de l'épargne
plutôt que des enfants » de Jean-Baptiste Say ne peut être proposé comme
principe de base d'une politique démographique, du moins faut-il se rendre
compte qu'au-delà de trois enfants par famille, on doit pratiquer quelque
renoncement au bien-être. Et je serais assez tenté de proposer un impôt
supplémentaire de 5 ou 10%, pour la croissance démographique, impôt qui
servirait à compenser d'une façon moins dérisoire les charges familiales.
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Une première hypothèse : la croissance économique est phagocytée par une croissance démographique forte. En fait la croissance réelle n’arrive qu’à partir de 3% de croissance économique. A 3% de croissance économique vous stagnez ; à moins de 3% de croissance économique votre croissance démographique phagocyte votre croissance économique et vous êtes dans une spirale de sous développement.
Or prenons l'exemple du Sahel : sa population devrait doubler et compter 150 millions d’habitant d’ici 2040. Cette croissance affectera d'ailleurs certainement la sécurité humaine et notamment alimentaire de la région.
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